Le Relais du Toillon  -  Chambres d'Hôtes depuis 1999
     Les automobilistes qui empruntent la route reliant Landrecies au Chapeau Rouge ont sans doute remarqué que, depuis plusieurs années, des travaux avaient été entrepris pour restaurer une imposante bâtisse située à l'entrée du village. La toiture est maintenant entièrement refaite et cette demeure en passe de retrouver son lustre d'antan. (...) 
 
Un peu d'histoire 
 
     Si on se réfère aux recherches effectuées par Jean-Louis Bouvart, historien, cette imposante demeure située devant le cimetière communal fut la demeure de Louis-Antoine-Maximilien Bricout de Cantraine. (...) 
 
     En 1804, il fit l'acquisition de la terre de Cantraine à Forest, appartenant à Mme de Bousies, baronne de Mello, et accolera plus tard à son nom, le titre de Cantraine. 
 
                                                                 extrait du journal La Voix du Nord du dimanche 18 et du lundi 19 juillet 2004  








Un député nommé Bricout 
 


     Louis-Antoine-Maximilien Bricout de Cantraine, homme politique du XVIII° siècle, a connu trois révolutions. Résidant à La Groise, il fut maire du Cateau. 
 
     Il est bien souvent difficile de prévoir l'avenir d'un enfant qui vient de naître. C'est ainsi qu'en 1763 naît au Cateau-cambrésis, le jeune Louis-Antoine-Maximilien Bricout de Cantraine. Cela n'émeut pas grand monde si ce ne sont sa famille et les amis et relations de celle-ci. Pourtant, ce jour-là, cette commune du Cambrésis venait de voir éclore un être au destin pas comme les autres et dont l'existence la concernera directement. 
 
     C'est que le Cateau-Cambrésis assistait tout simplement à la naissance de son futur maire et à celle de l'un de ses premiers enfants nommé chevalier de la Légion d'honneur. Louis-Antoine-Maximilien, bon orateur et citoyen engagé, deviendra avocat du Parlement de Flandres à l'âge de 26 ans. Nous sommes en 1789. Les soubresauts de Paris croiseront à plusieurs reprises son existence. A cette époque, son père notaire est échevin du Cateau et décide d'émigrer sous des cieux plus cléments. Louis-Antoine-Maximilien, quant à lui, n'hésite pas à clamer haut et fort tout le bien de la monarchie et tout le non-sens qui perce selon lui dans ce qui sera connu plus tard sous le générique de Révolution. 
 
     La fermeté de son discours lui vaut d'être emprisonné à Valenciennes. 
 
     Il lui faudra attendre près plus de quatre ans pour être enfin extrait de sa geôle. 
 
     En effet, à Paris, c'est le 9 Thermidor (27 juillet 1794) qui voit la chute de Robespierre et de Saint Just. 
 
     Pendant quelques temps, Louis-Antoine-Maximilien reste à Valenciennes avant de rejoindre Le Cateau pour y reprendre la charge de notaire de son père. 
 
Un Catésien au parlement 
 
     Apprécié pour son caractère franc et cordial, Louis-Antoine-Maximilien sera envoyé à Paris au Palais Bourbon par ses concitoyens et les habitants de toute la circonscription législative. 
 
     Son assiduité à soutenir le gouvernement lui vaut une mention spéciale au journal officiel à la rubrique : "nouveau titulaire de l'ordre de la Légion d'honneur". 
 
     En effet, une ordonnance royale du 11 août 1823 lui octroie la croix de chevalier de la Légion d'honneur. 
 
     Paris ne se lasse pas de Louis-Antoine-Maximilien et Louis-Antoine-Maximilien est toujours séduit par la vie parlementaire. Ce qui lui vaut de sièger à plusieurs reprises et de façon ininterrompue sous de nombreuses législatures. 
 
     Une carrière nationale ne souffrant nullement d'une carrière locale, c'est tout naturellement que notre homme devient conseiller général et surtout maire du Cateau. 
 
Quand Paris bout, Bricout fait la moue 
 
     Le député Bricout participera activement à la concoction des projets de loi relatifs aux travaux du port de Dunkerque. 
 
     Une fois de plus, sa carrière va être perturbée par les mouvements populaires qui sporadiquement voient le jour à Paris. C'est ainsi que lorsqu'éclatent Les Trois Glorieuses (juillet 1830) Louis-Antoine-Maximilien est très contrarié. Il est si attristé qu'une rage sourde en lui. Il ne comprend plus ce peuple repris par ses vieux démons de la jeunesse. Ne se sentant plus en phase avec ce qu'il entraperçoit comme une nouvelle ère, il veut abandonner le dernier mandat qui lui reste, celui de conseiller général. Joignant le geste à la parole, il envoie sa lettre de démission au président de l'assemblée départementale. Ses idées que l'on qualifierait aujoud'hui de conservatrices sont également partagés par son fils aîné qui à cette époque est... maire du Cateau et rend son tablier. C'est ainsi qu'à 67 ans, Louis-Antoine-Maximilien Bricout de Cantraine raccroche robe et mandat pour se retirer dans sa propriété de La Groise où il finira ses jours. Son dernier rendez-vous avec l'Histoire coïncidera avec celui donné par son créateur. La Révolution de 1848 bat son plein quand il s'éteint. Généreux et proche des habitants de La Groise, il n'hésitera pas à leur offrir la parcelle dans laquelle il repose et que les anciens appelaient voilà encore quelques dizaines d'années "le jardin Bricout" devenu aujourd'hui le cimetière communal. 
 
                                                                                                                          par Géraldine BEYS / La Voix du Nord